La sélectivité alimentaire, bien que sans définition exacte, est souvent reconnue par les parents lorsque leur enfant refuse fréquemment des légumes, consomme une variété limitée d’aliments sains, présente une néophobie alimentaire (refus d’essayer de nouveaux aliments), mange lentement ou exprime de fortes préférences alimentaires. Ce comportement est très courant durant la petite enfance, touchant jusqu’à 50 % des jeunes enfants. La sélectivité alimentaire peut entraîner des conflits entre parents et enfants, transformant les repas en véritables champs de bataille. En plus de perturber l’harmonie familiale, ce comportement peut engendrer des problèmes de santé comme la constipation.
Comment prévenir la sélectivité alimentaire ?
Une étude approfondie a conclu que l’introduction précoce des fruits et légumes (entre 4 et 6 mois), leur répétition fréquente, et la diversité alimentaire générale sont des stratégies clés pour éviter ce comportement. Les légumes verts, en particulier, nécessitent entre 8 et 15 expositions avant que les bébés ne les acceptent. Si votre enfant rejette les petits pois aux premières tentatives, ne vous découragez pas ! La patience et la répétition sont essentielles pour former le palais d’un jeune enfant à apprécier les légumes verts et d’autres aliments sains.
Une petite étude non publiée a même suggéré que donner des légumes verts aux bébés pendant deux semaines avant d’introduire les fruits pourrait prévenir les habitudes alimentaires sélectives plus tard. Cependant, des recherches à plus grande échelle seraient nécessaires pour confirmer cette méthode.
Quand la prévention ne suffit pas
Il est important de noter que la sélectivité alimentaire n’est pas toujours évitable. Certains enfants naissent avec des préférences alimentaires marquées qui peuvent persister jusqu’à l’âge adulte. Cependant, des stratégies peuvent être utilisées pour encourager ces enfants à élargir leurs horizons alimentaires.
Les thérapeutes en ergothérapie, par exemple, ont mis au point des programmes pour désensibiliser les enfants aux aliments qu’ils rejettent. L’approche consiste à leur faire goûter une minuscule bouchée de l’aliment ciblé, en augmentant progressivement la quantité. Une autre intervention consiste à demander aux enfants de « jouer » avec ces aliments en les utilisant pour créer des formes ou des agencements créatifs. Ces méthodes peuvent facilement être mises en œuvre à la maison.
Les pièges à éviter
Attention : forcer ou soudoyer les enfants pour qu’ils mangent des aliments sains peut avoir l’effet inverse. Les enfants soumis à une pression constante risquent de rejeter systématiquement ces aliments. De même, une interdiction stricte des aliments considérés comme « malbouffe » peut accroître l’attirance de l’enfant pour ces produits. L’approche idéale consiste à offrir régulièrement des aliments sains de manière détendue, en laissant l’enfant faire ses propres choix sans pression.
Un aspect positif inattendu
Fait intéressant, la sélectivité alimentaire semble protéger contre un problème de santé : l’obésité. Les enfants sélectifs ont tendance à consommer moins de calories et sont plus susceptibles d’être en sous-poids qu’en surpoids.
Conclusion
La sélectivité alimentaire chez les enfants est une étape fréquente mais souvent frustrante pour les parents. Adopter une approche douce et patiente, introduire une grande variété d’aliments dès le plus jeune âge, et éviter les pressions excessives sont des clés pour favoriser une alimentation équilibrée et agréable. Chaque enfant étant unique, il est essentiel d’adapter ces stratégies à ses besoins et préférences, tout en créant un environnement positif autour des repas. Avec le temps et la persévérance, il est tout à fait possible de transformer les défis alimentaires en opportunités de découverte et de plaisir culinaire.